Francisco Villacampa , Décision Micro, le 19/05/2004 à 07h00

Située à Ouvrouer-Champs, près d'Orléans, l'exploitation Transon est familière des hautes technologies. « Sur 45 000 m2 de serres, nous cultivons des concombres et des aubergines hors sol, à l'aide de nutriments distillés automatiquement par de la laine de roche. La température est régulée et l'éclairage dépend de l'ouverture ou de la fermeture de rideaux. Cela grâce aux outils de climatisation automatique mis en place par la société Aria », résume Isabelle Gallier, gérante.

Début 2003, l'exploitation familiale met en place un système de supervision des tâches effectuées par les 25 ouvriers agricoles, qui permettra aussi d'assurer la traçabilité des produits cultivés. « A cette époque, nous ne disposions que du logiciel Solane, édité par la SSII spécialisée Hesperid et chargé d'assurer la gestion des temps de travail », détaille Isabelle Gallier. L'idée d'une infrastructure à radiofréquence fait donc rapidement son chemin, pour permettre à ce même logiciel de recenser en temps réel les tâches réalisées dans les serres et d'offrir des indicateurs sur l'état des productions.

Le protocole Wi-Fi a été écarté

La mise en oeuvre débute en janvier 2002 par une étude du site. « Nous devions assurer la transmission d'informations dans un environnement saturé à 99 % d'humidité », détaille Steven Wallis, responsable marketing chez TXCOM, chargé de déployer l'infrastructure à radiofréquence. Ces contraintes obligent à rejeter le protocole Wi-Fi au bénéfice du protocole EUROTX. Le signal n'est que faiblement perturbé par l'humidité et peut émettre au-delà du kilomètre sur la bande de fréquence des 433 MHz, même si les débits faibles plafonnent à 38 400 bauds. « Dès janvier 2003, nous avons posé une dizaine d'antennes réparties sur 40 000 m2 », précise Steven Wallis.

Les terminaux, eux, font leur apparition entre février et mars 2003. L'exploitation maraîchère retient des équipements portables de la taille d'un téléphone cellulaire, « afin de faciliter leur transport et de ne pas gêner les travaux de taille, de pose de ficelle, de plantation ou de prévention des maladies », détaille Isabelle Gallier. Baptisés Epsilon2 par TXCOM, ils disposent d'une coque étanche, d'un écran à cristaux liquides rétroéclairé et de touches de navigation.

Au moyen de nomenclatures, les terminaux permettent de déclarer les travaux d'effeuillage, de cueillette ou de pulvérisation. Les données sont transmises immédiatement vers un concentrateur, relié par un câble Ethernet blindé au réseau local, qui se situe dans les locaux de l'exploitation Transon. « Ces données sont ensuite recueillies par le logiciel de gestion de production Solane, ce qui nous permet de superviser le travail effectué dans les serres », ajoute Isabelle Gallier.

Si TXCOM fournit l'infrastructure radio, c'est à l'éditeur Hesperid qu'échoit le développement, durant la même période, des écrans destinés au terminal portable. Dès mars 2003, le système est opérationnel. Il permet en prime de commander la climatisation des serres grâce à une interface entre les terminaux et le logiciel Superviseur d'Aria, chargé d'assurer le réglage des températures.

Côté bénéfices, « le déploiement très rapide n'aura duré que trois mois. Nous sommes par ailleurs satisfaits du résultat puisqu'il n'est plus nécessaire de parcourir plusieurs centaines de mètres, simplement pour changer la température d'une serre. Mais surtout, nous avons la possibilité, avec ces terminaux, de décrire précisément quels rangs de légumes ont été traités, et les tâches effectuées. Ces données permettent d'analyser à tout moment notre activité et d'assurer une traçabilité des lots », détaille Isabelle Gallier. Une condition sine qua non pour travailler avec la grande distribution, dont Casino, précise la gérante.

Une meilleure traçabilité

De fait, le système mis en place génère des indicateurs sur les futures récoltes et des prévisions de chiffre d'affaires semaine après semaine, ce qui permet d'anticiper une tendance à la hausse ou à la baisse. Autre avantage de l'utilisation des terminaux à radiofréquence : la localisation à tout moment des ouvriers agricoles. Une surveillance en continu, « qui ressemble parfois à du flicage », admet Isabelle Gallier.

Cependant, des problèmes persistent. L'établissement d'un tel système suppose que les ouvriers comprennent les nomenclatures disposées sur le terminal. « Cela n'est pas évident, car l'écran est très petit. De plus, nos ouvriers sont turcs, marocains ou albanais, ce qui ne facilite pas l'adoption de l'outil », reconnaît Isabelle Gallier. Par ailleurs, si le terminal résiste à l'humidité, le choix d'antennes souples se révèle inadapté. « Elles cassent les unes après les autres. Désormais, TXCOM livre des terminaux à antenne rigide », détaille Isabelle Gallier.

Côté propagation des ondes, la norme EUROTX est efficace. A l'exception des tentatives d'émission effectuées depuis l'extrême fond des serres. « Nous devons parfois retransmettre plusieurs fois la saisie d'une opération de taille », ajoute-t-elle. Séduite par les résultats, l'exploitation maraîchère adopte en septembre 2003 le progiciel Florane d'Hesperid, dédié à la gestion des tâches floricoles, nouvelle activité de Transon. « Nous réfléchissons à la possibilité d'assurer un suivi par pots. Après avoir goûté à la traçabilité, on ne peut plus s'en passer », conclut Isabelle Gallier.

_SebF - Source 01net

http://www.frameip.com
Un site pour les spécialistes IP